Nuisances sonores entre voisins : que faire ?
Les nuisances sonores sont la première source de litige entre voisins.
Tendance excessive à faire la fête, passion débordante pour la musique, forte addiction aux chaussures à talons aiguilles, affection particulière pour le bricolage dominical… Les profils divers et variés mais tous ont un point commun : le bruit !
Mais alors, que dit la réglementation sur les nuisances sonores ? Quelles sont les solutions pour y remédier ?
Qu’entend-on par nuisance sonore ?
« Aucun bruit particulier ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé, qu’une personne en soit elle-même à l’origine ou que ce soit par l’intermédiaire d’une personne, d’une chose dont elle a la garde ou d’un animal placé sous sa responsabilité. » Article R1334-31 – Code de la Santé Publique
Une machine à laver qui tourne la nuit, un chien qui aboie toutes les 15 minutes, quelqu’un qui joue de l’orgue tous les jours… Ces bruits de comportement peuvent être considérés comme nuisibles, de jour comme de nuit.
Ce n’est pas parce que ces bruits ont lieu la journée qu’ils sont tous autorisés : c’est le tapage diurne. En effet, si ces bruits ont un caractère répétitif, intensif ou qu’ils durent dans le temps, vous êtes en droit d’être exaspéré(e) mais aussi de demander que cela change !
Le tapage nocturne, contrairement à ce que l’on pense généralement, n’a pas d’horaires définis, même si la plage horaire 22h/7h revient souvent. Il faut se référer aux horaires indiqués par la mairie et/ou le règlement de copropriété. À l’opposé du tapage diurne, le caractère répétitif n’est plus obligatoire pour être considéré comme nuisance, dès l’instant où l’auteur du bruit a conscience de la nuisance occasionnée et qu’il ne prend pas les mesures nécessaires pour y mettre fin. Alors oui, laisser sa télé allumée avec le son au maximum toute la nuit « sans avoir fait exprès » est considéré comme du tapage nocturne !
En cas de nuisances sonores, l’auteur peut se voir infliger une amende de 68€ pouvant être majorée à 180€.
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Comment régler le problème des nuisances sonores ? Nos conseils
1. le dialogue et les solutions amiables
La première chose à faire est d’informer son voisin du problème. La tolérance et la communication sont primordiales dans les relations de proximité.
Essayer dans un premier temps de discuter avec la personne qui cause ces désagréments ou bien, de lui adresser une lettre courtoise pour lui expliquer la gêne occasionnée. Cela permettra d’engager le dialogue de façon positive mais aussi d’évaluer le degré de bonne foi du voisin en question ! Lors de cette discussion, l’important est d’essayer d’être constructif. Evoquer les intérêts de chacun mais aussi proposer des solutions qui conviennent à tous.
Si malgré votre bonne volonté et votre tolérance, les bruits ne cessent pas, vous pouvez :
- Si l'auteur du tapage est un locataire, vous pouvez informer son propriétaire. Il a le devoir de tout mettre en œuvre pour faire cesser les troubles causés par son ou ses locataires.
- S’il s’agit d’un copropriétaire, référez-vous au règlement de copropriété qui peut limiter ou interdire certains bruits et contactez le syndic afin qu’il veille au respect et à l’application du règlement.
Dans un premier temps, vous pouvez lui renvoyer une lettre pour lui rappeler la nature de la nuisance, les démarches de discussion déjà effectuées. N’hésitez pas à y rappeler la réglementation en vigueur (les articles R1334-30, R1334-31, R1337-7 à R1337-10 du Code de la Santé Publique ainsi que les arrêtés municipaux ou préfectoraux s’il y en a).
Si aucune amélioration ou réponse de sa part ne se font après 2 semaines, vous pouvez lui envoyer un courrier par recommandé avec accusé de réception.
Notre conseil : Evitez les menaces, vous pouvez lui notifier de façon courtoise que sans amélioration de la situation, vous engagerez une procédure administrative ou judiciaire. Veillez à conserver une trace de ces courriers en les photocopiant ; ils pourront servir à prouver votre volonté d’arranger les choses et la non-conciliation de votre voisin dans le cas d’un recours à l’administration ou à la justice.
Si le dialogue échoue et que le bruit persiste, ou bien en cas de soirée mousse improvisée, vous pouvez faire appel aux forces de l'ordre pour faire constater et cesser la nuisance.
A noter : Rapprochez-vous de la mairie afin de vérifier s'il existe un arrêté spécifique pour appuyer votre requête. Ces informations sont en règle générales disponible sur internet.
2. La conciliation
Depuis le 1er janvier 2021 le recours à la conciliation (conciliateur de justice) ou à la médiation, préalablement à la saisine du tribunal, est obligatoire.
Cette démarche est entièrement gratuite. Il suffit de s’adresser à la mairie pour faire intervenir un conciliateur afin d’entamer une médiation.
Le processus est simple : le conciliateur organise une réunion avec les parties afin de rechercher une solution tout en respectant les intérêts de chacun. Cette démarche peut aboutir sur un constat de conciliation qui pourra être validé par le juge d’instance. Si aucune solution n’est trouvée et que la conciliation se solde par un échec, le conciliateur a la possibilité de déclencher une action en justice.
3. Dernier recours : la saisie du tribunal
Dans le cas où toutes les solutions précédentes ont échoué, il faudra malheureusement avoir recours à la justice. Cette procédure peut être longue et coûteuse et l’instance à saisir dépendra du montant du préjudice estimé :
Il vous faudra alors démontrer la réalité du préjudice (courriers échangés, constats d’huissiers, témoignages, procès-verbaux…).
Dans tous les cas, n’hésitez pas à nous contacter. Nous pourrons vous conseiller et faire notre possible pour vous aider dans les démarches.